Depuis quelques années, les sans-papiers ont disparu des radars. Dans les journaux, les publications scientifiques et les recherches, dans les débats et autres colloques, le thème des sans-papiers a disparu, comme il a disparu des déclarations politiques. Comme s’il ne posait plus question, comme si la présence d’étrangers installés en France, mais en situation irrégulière, était un phénomène soit marginal, soit sans importance, y compris aux yeux de ceux qui en parlaient, il y a peu encore, comme d’un problème, d’une menace ou d’un scandale.
Aujourd’hui, le sans-papier s’efface derrière la figure du « migrant », qu’il soit exilé, réfugié ou demandeur d’asile, le terme suggérant surtout qu’il vient d’arriver en France et qu’il n’y est que de passage. Ce faisant, on écarte du paysage celles et ceux qui sont installés de longue date, qui ont lutté pour leurs droits, qui travaillent souvent dans les secteurs d’activité les plus précaires : les sans-papiers. Mais, à n’en pas douter, tous les « migrants » d’aujourd’hui seront les sans-papiers de demain.
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