Une situation dramatique

Des ratonnades à Jérusalem, aux expulsions de familles palestiniennes à Sheikh Jarrah, de l’agression militaire israélienne sur l’esplanade des mosquées, aux bombardements à Gaza, la séquence dramatique d’événements en avril et mai 2021 a fait revenir la Palestine sur le devant de la scène médiatique (1). Dans ce contexte, les Palestiniens et les Palestiniennes ont montré une impressionnante unité et ont organisé une grève générale historique, extrêmement bien suivie (2).

Par ailleurs, les conditions de travail des Palestiniennes et Palestiniens se dégradent fortement, tant en Cisjordanie qu’en Israël, et encore plus à Gaza. Nous l’avons constaté par nous même lors de la dernière délégation de l’Union syndicale Solidaires en Palestine au printemps 2019, comme en témoigne le film tourné à cette occasion par Canal Marches (3).

L’Union syndicale Solidaires a participé à tous les rassemblements pour la Palestine, et a favorisé les cadres collectifs les plus larges possibles, en particulier lorsque plusieurs manifestations ont été interdites à Paris par les autorités françaises. Enfin, la condamnation ferme de la colonisation israélienne ne signifie pas quitus de notre part à l’Autorité Palestinienne, largement corrompue et trop souvent impliquée dans des violations de droits humains (4).

Soutenir la Palestine

Face à cette situation, en tant que syndicat internationaliste, c’est sur le plan syndical qu’il est nécessaire d’agir. C’est pourquoi Solidaires participe au Collectif national pour une paix juste et durable entre palestiniens et israéliens, ainsi qu’à la Campagne BDS France. L’Union participe également à deux réseaux d’associations et de syndicats impliqués contre les activités économiques d’entreprises françaises dans les territoires palestiniens occupés. Le premier concerne principalement les banques et les entreprises du rail (Veolia, Axa, Egis-Rail etc.), et le second est un groupe de travail plus général, intitulé « Made in Illegality », et coordonné par la plateforme des ONGs pour la Palestine.

Solidaires participe également au réseau européen des syndicats pour la Palestine (ETUN), avec lequel plusieurs webinaires ont été organisés pour informer et échanger le plus largement possible sur le rôle des syndicats dans la solidarité avec la Palestine, mais aussi sur l’état des services publics en Palestine. Enfin, l’Union noue des liens avec des organisations syndicales palestiniennes indépendantes de l’autorité palestinienne dans plusieurs secteurs : avec les postier-es du PPSWU, avec les fédérations indépendantes GFIU, New Unions et Arab Workers Union… L’organisation de délégations syndicales en Palestine a permis de construire ces liens syndicaux internationaux et de recueillir des témoignages sur l’évolution de la situation dans ces territoires.

La nécessité d’actualiser notre revendicatif

Impliqué·e·s dans la solidarité avec la Palestine depuis plusieurs décennies, nos débats ont fait évoluer nos réflexions. Par ailleurs, nous constatons un changement de la situation sur le terrain, ainsi que de la position de plusieurs de nos interlocuteur.trices, dont des syndicats palestiniens, qui nécessitent l’adaptation de notre plateforme de revendications, dont l’essentiel remonte au congrès de 2008.

En particulier, l’échec constaté du « processus d’Oslo » de 1993 a rebattu les cartes en Palestine. La colonisation israélienne a redoublé et s’est renforcée par un Mur et un blocus criminel sur la Bande de Gaza. L’Autorité Palestinienne mise en place à la suite de ces accords a perdu toute légitimité démocratique et marchande avec l’occupant la fin de la lutte. Le territoire de Cisjordanie est tellement vérolé par les colonies israéliennes que la solution des « Deux États » pour deux peuples, revendication autrefois assez largement partagée, n’est plus du tout ni la plus évidente, ni la plus désirée, ni la plus souhaitable pour une partie de plus en plus importante du peuple palestinien. Enfin, la comparaison du sort des Palestiniens avec l’apartheid sud-africain a révélé de nouvelles aspirations à l’égalité des droits sur tout le territoire et pour tous et toutes, mais aussi une nouvelle tactique sous la forme de la campagne BDS.

Quelles devraient être nos revendications, nos tactiques, nos alliés (syndicats, partis, organisations ou autres) ? Quelles formes de lutte devons-nous soutenir ? Quel soutien devrait-on apporter au peuple palestinien en tant que militant·e·s syndicales ? Quelle place devons-nous accorder au Droit international ?

Ce sont plusieurs questions que la Commission internationale de Solidaires se pose, dont nous souhaitons débattre et chercher les réponses ensemble, pour mettre à jour la position de notre syndicat sur la situation en Palestine.

Proposition de calendrier

Suite à cette motion d’actualité sur la situation en Palestine, nous actons la nécessité de réviser notre revendicatif, sous la forme de deux journées de formation-réflexion-débat, d’ici le printemps prochain.

Une fois rédigé, et après validation de la Commission internationale, nous proposerons ce nouveau revendicatif lors d’un CN, pour débats et validation collective.

(1) Soutenons la résistance palestinienne, le 11 mai 2021

https://solidaires.org/Soutenons-la-resistance-palestinienne

(2) Solidaires avec la grève générale en Palestine, le 18 mai 2021

https://solidaires.org/Solidaires-avec-la-greve-generale-en-Palestine

(3) Contre-feux, Résistance sociale et syndicale en Palestine, le 30 juin 2019

https://vimeo.com/345343417

(4) Nous exigeons une enquête indépendante dans l’assassinat du militant palestinien Nizar Banat par la police palestinienne, le 15 juillet 2021

https://solidaires.org/Nous-exigeons-une-enquete-independante-dans-l-assassinat-du-militant