A l’issue du meeting d’Éric Zemmour qui s’est déroulé à Villepinte ce 5 décembre 2021, de nombreux témoignages de journalistes ont fait état de violences physiques et verbales, d’entraves à l’exercice de la profession, d’intimidations de la part de militants mais aussi du candidat d’extrême-droite lui-même.
La liberté de la presse et le droit à l’information sont la pierre angulaire d’une démocratie. Il est particulièrement grave qu’un candidat à la présidence de la République s’autorise de telles dérives et encourage ses militants dans leur violence physique et verbale envers les journalistes, en les faisant huer et en les mettant sur le même plan que les djihadistes, par exemple.
Déjà condamné pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour est pleinement responsable de ce climat hostile à la presse durant ses meetings. Régulièrement, il cible la profession à travers des discours fallacieux qui désignent les journalistes comme des ennemis du peuple. La conséquence de ses propos est là : des journalistes sont empêchés d’exercer leur métier, se font voler leur matériel, sont frappés, menacés, et travaillent dans la peur.
Ces nouvelles entraves et menaces sont d’autant plus inacceptables que ces dernières semaines des journalistes couvrant l’actualité de l’extrême droite font face à une violence d’une rare intensité, comme l’ont dénoncé 39 sociétés de journalistes dans une tribune publiée le 17 novembre.
Durant la manifestation anti-Zemmour, à l’extérieur du meeting, alors qu’un nouveau schéma national du maintien de l’ordre (SNMO), présenté en début de semaine, a été revu et corrigé sous la pression de la profession, des confrères et consœurs n’ont pu travailler sereinement. Un photographe a été abusivement interpellé, relâché dans la soirée, et des reporters ont été nassés.
Le Syndicat national des journalistes, premier syndicat représentatif de la profession, ne peut tolérer que les journalistes, pour exercer leur mission d’information, doivent désormais prendre des mesures de protection dans le cadre de meetings politiques, comme devoir accepter de se faire exfiltrer ou être accompagnés de gardes du corps.
Le SNJ apporte son soutien à tous les médias et journalistes visés dans l’exercice de leur fonction. Il incite les consoeurs et confrères à porter plainte systématiquement, et sera à leurs côtés. Alors que la campagne ne fait que commencer, il est urgent que le candidat revoit son attitude, et qu’il exhorte ses militants à respecter la liberté de la presse et la profession qu’il a lui-même exercée pendant plus de 30 ans.
Le SNJ rappelle qu’il est de la responsabilité des pouvoirs publics de garantir la sécurité des journalistes et la liberté d’informer, sur la voie publique et durant toute cette campagne présidentielle qui s’ouvre à peine.