Prenons l’exemple de Grignon, avec son château, ses champs et ses bois : 310 hectares dont l’intérêt n’est plus à démontrer, tant du point de vue pédagogique et scientifique que sur le plan environnemental. Notre ministre décide de se séparer de ce « bijou de famille », dont acte.
Dès lors, on peut se demander ce qui motive Julien Denormandie (qui a lui-même usé ses fonds de culottes sur les bancs de Grignon) et ses sbires. D’autant plus que celui qui remporte le marché est Alain Taravella, milliardaire et PDG d’Altarea Cogedim, une entreprise qui aime faire fleurir le béton (résidences de luxe, centres commerciaux…) En bref, cette société ne fait pas trop dans le « vert ».
Un esprit suspicieux s’interrogerait sur ces choix… Celui du motif de la vente, d’abord. Ensuite, la préférence accordée à Altarea Cogedim, alors que la Communauté de Communes « Cœur d’Yvelines » et l’association Grignon 2000 s’étaient portées candidates, avec un projet qui ne consistait pas à faire tourner les toupies à béton.
Au ministère de l’agriculture, vous le savez, on est à fond pour l’agroécologie, un concept qui doit alimenter la réflexion de tous nos services, un leitmotiv pour nos réunions… En résumé, il faut se placer dans une perspective de durabilité.
Dès lors, quand on observe cette maîtrise dans la pratique du grand écart par notre ministre et ses conseillers, on ne peut que rester bouche bée. D’un côté, un discours « tendance » et une demande institutionnelle qui nous engage à travailler sur des pratiques plus respectueuses de l’environnement ; de l’autre, des faits et des actes qui favorisent les rois du béton et de l’artificialisation des sols.
Bon, on n’est plus à un paradoxe près, mais on peut quand même se demander : à qui profite la vente de ce bijou de famille ? Certainement pas au service public, ni aux usagers, ni à l’environnement !