[[{« value »: »
Mardi 04 novembre 2025, les personnels du collège Jeanne et Jean Phillipe de Toulouse se sont massivement mis en grève pour dénoncer une importante dégradation du climat scolaire, ayant mené à une série d’incidents graves, dont la blessure d’une surveillante (AED) dans l’exercice de ses fonctions.
L’importance de la mobilisation (enseignants, personnel de vie scolaire, personnel médico-social) a conduit à l’absence d’élèves au collège l’après-midi.
Lors de son ouverture en 2022, le collège Jeanne et Jean Phillipe devait être le fleuron du projet de mixité sociale porté par le CD 31 et le Rectorat de Toulouse. Trois ans plus tard, force est de constater que les moyens mis en œuvre sont insuffisants au regard de l’ambition affichée de réduire la fracture sociale.
Ce projet de nouveau collège, remplaçant les deux collèges classés REP+ des quartier Reynerie et Bellefontaine, s’est déployé en parallèle du plan de rénovation urbaine du Mirail. Ce dernier a occasionné un nombre important de déménagements. En même temps, dans le quartier tout autour du collège, un grand nombre de logements neufs ont été construits, faisant évoluer rapidement la démographie locale. Tout cela a profondément modifié les données sur lesquelles s’était construit le projet de mixité sociale au collège.
Ces mutations n’ont jamais conduit à une réévaluation du projet en lui-même ni des moyens nécessaires à sa mise en œuvre.
Ainsi, alors que le profil des élèves accueillis correspond, en terme de difficultés scolaires et sociales, à celui d’un établissement en éducation prioritaire, nous ne disposons d’aucun moyen supplémentaire, hormis des effectifs allégés en 6e – dont bénéficient tous les collèges du projet mixité, y compris le prestigieux collège de centre ville Pierre Fermat. Or, l’égalité dans la distribution des moyens n’est pas synonyme d’égalité en terme de conditions d’apprentissage. Nous n’avons pas d’heure de concertation, nécessaire à l’élaboration des projets ; les effectifs vont jusqu’à 30 dans les autres niveaux, ce qui empêche de remédier correctement aux importantes difficultés scolaires constatées chez nos élèves ; un manque chronique d’AESH fait que le suivi des élèves à besoins particuliers, près de 10% de notre effectif, n’est pas à la hauteur de ce qu’il devrait être…
À ce constat déjà difficile, s’est ajouté, à la rentrée 2025, le changement complet à la dernière minute de l’équipe de direction et d’une partie de l’équipe de vie scolaire. Cela s’est traduit par une organisation interne fragilisée. À celle-ci s’est encore rajoutée une augmentation des effectifs – au point que le nombre de salles de classe s’est révélé insuffisant et qu’il a fallu couper une salle de technologie en deux pour pouvoir assurer l’accueil de tous les élèves. En même temps, les tensions grandissent dans le quartier Bellefontaine où ont eu lieu plusieurs meutres cet été, et jusqu’aux abords du collège.
Ces tensions se répercutent sur le climat scolaire.
Nous, personnels, sommes celles et ceux qui restons. Nousconnaissons les élèves et le terrain. Nous sommes capables d’évaluer nos besoins.
Et dès septembre, nous avions tiré la sonnette d’alarme.
Nous avons l’impression de tenir à bout de bras un édifice branlant, quand, au bout de trois ans seulement, du chef d’établissement jusqu’au DASEN, notre hiérarchie est récompensée par diverses promotions tandis que nos demandes sont ignorées, voire méprisées. Seules notre expérience et notre motivation au quotidien nous permettent de bricoler à grand renfort de bouts de scotchs et de ficelle pour que l’ensemble ne s’écroule pas. Mais à quel prix ?
Fatigue et mal-être s’accumulent aussi bien chez les personnels que chez les élèves. Si nos conditions de travail sont détériorées, les élèves, de leur côté, méritent bien mieux en terme de conditions d’apprentissage et subissent de plein fouet les décisions gestionnaires prises sans regard pour les besoins que nous faisons remonter.
Loin d’être défaitistes et sans attendre de recette magique, nous sommes fermement convaincus qu’il est possible d’améliorer rapidement la situation, et de retrouver un établissement où il fait bon vivre, étudier et travailler.
Nous attendons d’être entendus, être écoutés ne suffit plus.
Alors que le nombre d’élèves a augmenté et que le climat scolaire est fragilisé, un poste de CPE dont nous bénéficiions l’an passé nous a été retiré. Nos collègues en vie scolaire sont surchargées de travail pour traiter les incidents qui s’accumulent au quotidien, sans avoir le temps de lancer un travail de fond.
Dans un temps court, comme première mesure d’urgence, nous demandons le rétablissement de ce poste de CPE.
Ensuite, pour la rentrée prochaine, nous demandons à bénéficier des effectifs allégés qui sont la norme dans les collèges en éducation prioritaire, ainsi que de la rémunération de l’heure de concertation, heure essentielle pour construire des projets pour les élèves et travailler avec les familles.
La hiérarchie de l’Éducation nationale comme le Conseil départemental se sont félicités dans les médias de la réussite de ce projet mixité, loin de la réalité que nous constatons de notre côté sur le terrain. Pourtant, nous croyons encore possible la mise en place d’un projet pédagogique pour le collège qui permette la réussite et l’émancipation de tous les élèves. À condition que, loin des effets d’affiche, l’Éducation nationale prenne ses responsabilités et nous en donne les moyens nécessaires.
Les élèves et les personnels qui s’investissent quotidiennement à leurs côtés méritent au moins cela.
Les personnels du collège Jeanne et Jean Phillipe.
Cet article Communiqué de presse des personnels du collège Jeanne et Jean Phillipe est apparu en premier sur Sud Education Haute Garonne et Pyrénées.
« }]]
Publié depuis Read More (Sud Education Haute Garonne et Pyrénées )
2024-2025, collège jeanne et jean Phillipe
