La semaine dernière, Médiapart a publié une enquête particulièrement documentée qui démolie les affirmations du ministre de la Santé. Olivier Véran a en effet tenté de minimiser la crise sanitaire en manipulant les chiffres pour leur faire dire que seulement 5% des lits (voir au maximum 8%) dans les urgences étaient fermés. En réalité, ce chiffre est faux car il ne prend pas en compte les fermetures temporaires (mais fréquentes) de lits qui se multiplient un peu partout en France, avec des points de tension plus importants dans certaines régions comme c’est le cas pour la région parisienne.
Une enquête approfondie de Médiapart fait craindre le pire
De fait, les témoignages qu’a recueillis Caroline Coq-Chodorge, journaliste spécialiste de cette question à Médiapart montrent une réalité bien différente de celle présentée par le service de communication du Ministère. À certains moments, 20% des lits sont fermés dans des services ultra-sensibles. Une situation qui se répète régulièrement et qui pourrait bien devenir perenne si rien n’est fait.
L’article confirme également ce que disait Rémi Salomon (Président de l’AP-HP) dans l’interview qu’il a accordé à France-Infos (lire ICI notre précédent article), dans lequel il décrit un personnel à bout de souffle, découragé, avec des départs qui se multiplient, et pas seulement à cause de la COVID.
Un ministre qui reste dans le déni
Malheureusement et à ce stade, tout indique que le pouvoir n’entend pas sortir du déni dans lequel il s’est enfermé, quitte à voir la situation s’aggraver encore un peu plus. Le problème, c’est que plus on attend et plus la situation se dégrade, avec le risque que cela débouche sur une crise sanitaire majeure et ingérable.
Est-ce un scandale d’État qui se prépare ? En tout cas le pouvoir ne donne toujours aucun signe qui soit de nature à retenir les nombreux soignants qui veulent démissionner et faire revenir celles et ceux qui sont déjà partis. C’est pourtant ce que demandent certains chefs de services qui n’arrivent plus à gérer la pénurie de personnels et le manque de lits qui en résulte.
Des mesures d’urgence s’imposent
Pour Solidaires Allier, c’est un grand élan de solidarité qui peut maintenant imposer des mesures d’urgence afin de débloquer les financements nécessaires, de manière à endiguer la crise que traverse l’hôpital public. Cela passe par l’annonce de mesures fortes pour répondre aux urgences immédiates, suivies d’une vaste consultation qui débouche sur une réforme du financement qui tienne compte des besoins en termes de revalorisations significatives des salaires, de fonctionnement des services et de la qualité des soins.
Pour cela, il faut s’appuyer sur les compétences des professionnels de la santé à tous les niveaux hiérarchiques, des organisations syndicales, et des associations des usagers de la santé. Mais cela, le gouvernement est-il capable de l’entendre ? Rien n’est moins sûr.