Lettre à la Mairie : « Madames, Messieurs. Nous sommes des mineur-es isolé-es étranger-es en procédure de recours de minorité, mis à la rue par le DDAEOMI. On vous écrit pour expliquer notre position sur la fermeture du site
Les Tourelles ainsi que sur la situation des mineur-es isolé-es étranger-es à Toulouse.
Depuis 2019, on a été logé-es par la Mairie de Toulouse, jusqu’en 2022, quand elle a mis fin au dispositif et menacé de nous mettre à la rue encore une fois.
Après toutes nos revendications pour garder le bâtiment, la Mairie a engagé une procédure d’expulsion auprès la justice, et puis la justice nous a donné un
délai de 20 jours pour quitter le bâtiment. Mais quelles solutions ? Nous n’avons pas d’autres endroits où aller. Mettez-vous à notre place – est-ce que vous accepteriez de dormir dehors ? Ce bâtiment est devenu notre lieu de vie, qui nous permet de suivre notre procédure juridique afin d’être reconnu-es
mineur-es. Nous avons déjà été traumatisé-es par le DDAEOMI qui nous met à la rue en première position, cette structure mandatée et financée par le Conseil Départemental de la Haute Garonne. Cette structure met systématiquement à la
rue des jeunes comme nous qui finiront presque tous reconnus mineur-es par le juge des enfants.
Selon les dernières informations que nous avons eues, le Conseil Départemental, la Mairie et l’Etat sont en consultation sur la situation des mineur-es isolé-es étranger-es à Toulouse. Comme nous n’avons pas reçu de consultation avec vous, nous voulons vous faire part de nos revendications et de notre position
vis à vis de la situation. Nous voulons rester tous ensemble. C’est notre priorité fondamentale. Nous sommes une famille : on s’entraide entre nous, on s’accueille. Il y a des jeunes parmi nous qui parlent pas français, d’autres qui n’ont pas de téléphone, ou les moyens pour se déplacer. Nous n’avons pas de famille à
Toulouse et c’est grâce à AutonoMIE, Médecins du Monde, Tous.tes en Classe 31 et Société Saint-Vincent de Paul qui nous encadrent que nous sommes en bonne voie. Nous vous rappelons que si nous sommes séparé-e-s, il sera impossible
pour ces associations de nous aider. Voilà pourquoi nous sommes indivisibles.
Vous avez évoqué la récupération du bâtiment Les Tourelles et un futur «accompagnement tripartite». Nous voulons être clairs : on ne veut pas de logements individuels. Il nous faut un dispositif permanent et collectif, assez grand pour accueillir tous les jeunes qui arriveront. Ce bâtiment doit être équipé avec tout ce qu’il faut: des salles de classe, un espace extérieur, une salle informatique, une cuisine, une lingerie, etc.
Nous vous demandons une prise en charge complète qui respecte les droits de l’enfant. Une prise en charge socioéducative adaptée, la scolarisation, un suivi médical individuel, la sécurité juridique, la prise en charge des
transports, et pas une simple mise à l’abri.
Vous avez évoqué des incidents violents au bâtiment pour justifier la fermeture du dispositif. Mais des incidents isolés ne justifient pas la mise à la rue d’une centaine de mineur-es isolé-es étranger-es. S’il y a des jeunes avec des
comportements troublants, ils ont besoin d’un suivi médical plutôt que de la violence d’une mise à la rue qui aura des conséquences très graves pour ces jeunes. Nous souhaitons vous rencontrer pour discuter de la situation des mineur-es isolé-es étranger-es à Toulouse. Merci pour votre compréhension, et à
bientôt.
Les jeunes du collectif AutonoMIE