Au nom des victimes
Notre combat judiciaire contre le groupe SAFT a commencé par la contestation du mal
nommé « plan de sauvegarde de l’emploi », en réalité un plan de licenciements, en 2013.
La SAFT a cédé son activité Cadmium pour l’ € symbolique à un investisseur, moyen très
classique pour se débarrasser de salariés et de ne pas assumer ses responsabilités.
Parallèlement, nous nous sommes inquiétés des cas de plus en plus nombreux au fil des années, de
maladies parmi nos collègues. Cancers, affections rénales ….. Nous nous sommes interrogés sur
l’origine de ces morbidités. La cause la plus évidente est l’exposition au cadmium, métal lourd utilisé
dans la production de piles et de batteries. En milieu professionnel, l’inhalation est la principale voie
d’exposition au cadmium. Le cadmium, dont les dangers sont connus depuis les années 50 est considéré
comme cancérogène certain pour l’homme depuis 1993. (Groupe 1) par le CIRC ( agence de recherche
sur le cancer de l’OMS, basée à Lyon ) .
L’ampleur du problème a été révélée par les analyses sanguines qui ont démontré qu’une très grande
partie du personnel avait des taux de cadmium dans le sang au-delà des normes. C’est une terrible épée
de Damoclès qui menace maintenant ces collègues. La situation est comparable au scandale de
l’amiante.
A ce jour, certain-e-s sont décédé.e.s de ces graves atteintes.
Au nom de leurs enfants, de leur famille et de leurs proches, nous ne pouvions rester inactifs.
En 2015, à quelques-uns, en finançant sur nos deniers personnels, nous avons engagé une procédure
pénale pour « mise en danger d’autrui » et « emploi de travailleur à une activité comportant un risque
d’exposition à des agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction sans
respect des règles de sécurité ». contre les dirigeants de la Saft devant le tribunal correctionnel
d’Angoulême qui nous a donné raison en condamnant les responsables. Mais, ils ont fait appel et la
cour les a blanchis.
Nous avons alors formé un pourvoi en cassation. La haute cour nous a entendus, et elle a cassé l’arrêt
de la cour d’appel.
L’affaire a donc été renvoyée devant la cour d’appel de Bordeaux en mars dernier, mais les avocats des
dirigeants ont demandé un renvoi, ce qu’ils ont obtenu. Cette stratégie, destinée à gagner du temps et à
tenter de nous épuiser atteint ses limites ; l’échéance arrive. Le 2 juillet 2021, la cour d’appel de
Bordeaux examinera à nouveau le dossier. Il ne sera plus possible aux responsables d’échapper à leurs
responsabilités.
Nous appelons les responsables politiques à demander des comptes à l’entreprise. Celle-ci a bénéficié
pendant des années de subventions publiques de l’Europe, de l’Etat, de la Région Poitou-Charentes et
de la Région Nouvelle-Aquitaine sans contrepartie ni contrôle. Encore récemment , le président Macron
lui-même est venu sur le site de Nersac annoncer de nouvelles aides publiques. Mais, pas un mot pour
les victimes et les malades.
Le 2 juillet sera l’épilogue de cette longue procédure judiciaire qui ouvrira probablement
la possibilité d’indemnisation pour les salariés exposés. Nous serons à Bordeaux aux côtés
des collègues qui vivent dans l’anxiété, des malades, des familles des victimes, pour que
justice soit enfin rendue.
Nous souhaitons que notre combat soit aussi un exemple pour tous les salariés exposés à
des produits dangereux.
Covoiturage d’Angoulême le 2 juillet 2021. Nous contacter.
Rdv devant la cour d’appel de Bordeaux, place de la République, à 8h45
Pour contacter SUD Industrie 16 : Tel portable : 07 49 28 48 64 Par mail :sudindustrie16@outlook.fr
Article publié le 24 juin 2021