1er Mai, journée internationale de lutte des travailleurs et des travailleuses !
Ils ne sont pas incompétents ou mal préparés, ils ont d’autres intérêts que nous !
Covid ou pas, urgence ou pas,le ministre Blanquer, à l’image des gouvernements libéraux successifs, continue de démanteler l’école publique. De la maternelle à l’université, tous les secteurs sont touchés.
Cette semaine les écoles primaires rouvraient leurs portes, tandis que les personnels du second degré poursuivaient l’enseignement à distance. Le décalage entre les annonces et la réalité du terrain s’est une nouvelle fois fait pleinement sentir. Évidemment, la vitrine doit être belle pour faire passer les réformes.
Dans les écoles, de nombreux personnels manquaient à l’appel en raison de l’épidémie : cas contacts, vulnérables, malades, de très nombreux personnels enseignants et AESH n’étaient pas en capacité de se trouver face aux élèves ce lundi. Pourtant, les recrutements nécessaires réclamés par SUD éducation dans le cadre d’un plan d’urgence depuis plus d’un an n’ont pas été faits. Ainsi, de nombreux parents n’ont pu laisser leur enfant à l’école ce matin-là où la consigne de non-répartition des élèves dans d’autres classes était respectée. Dans d’autres écoles, la hiérarchie a fait pression – contre les instructions ministérielles – pour obtenir des équipes un accueil inconditionnel des élèves.
Rien n’est prévu en ce qui concerne la restauration scolaire qui est un lieu important de contamination des élèves mais n’est pas considérée par les protocoles sanitaires successifs.
Action ou expression, ne choisissons plus : nous n’aurons que ce que nous prendrons !
Les délégations auprès de l’administration se succèdent, les pétitions s’accumulent…et les chef.fe.s continuent tranquillement d’appliquer la politique de destruction de l’Ecole.
Il est temps de mettre des grains de sable dans la machine !
Dégradations des conditions de travail, perte de sens dans nos missions et notre travail, explosion du nombre de personnels en contrats précaires par un recours massif à des contractuel.les… comme dans tous les services publics, la gestion managériale et la libéralisation engendrent des situations de maltraitance et de souffrance au travail. Une seule réponse pour nous : précaires ou titulaires, soyons solidaires !
Pour les élèves et les étudiant.e.s, l’école ainsi bradée se résume à un parcours d’évaluation et de sélection toujours plus serré, qui ne laisse aucune illusion quant à la volonté gouvernementale de perpétuer les inégalités de classes, pour produire des travailleur.euse.s compétent.e.s à bas coût. Une seule réponse pour nous : discutons et décidons d’actions pour construire l’école que nous voulons !
Pour s’assurer du bon fonctionnement de la machine éducative capitaliste, les hiérarchies sont renforcées par les réformes et projet de lois qui se succèdent. Et les sanctions se multiplient contre les militant.e.s qui restent vent debout. Une seule réponse pour nous : Stop à la répression envers les militant.es. c’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons !
Pour des conditions de travail et donc d’enseignement à la hauteur d’une école du peuple, démocratique et émancipatrice, le 1er mai, comme toujours, nous n’aurons que ce que nous prendrons !
Le reste du temps et partout où cela sera nécessaire, SUD éducation appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait ou de faire grève pour obtenir satisfaction sur leurs revendications. SUD éducation met ainsi à disposition des équipes son préavis de grève.
Vœux parcoursup : le privé favorisé !
Les commissions commencent à se réunir pour classer les candidat-e-s aux formations dans le supérieur. Parmi les critères se trouvent toujours la mention du lycée d’origine et les activités extrascolaires qui conduisent à opérer un tri social entre les candidat-e-s aux formations. Les élèves des lycées prestigieux en sortent en effet naturellement favorisé-e-s.
À ces éléments de mise en concurrence entre lycées organisés par les réformes Blanquer vient aussi s’ajouter, en cette période de crise sanitaire, la mention des “choix pédagogiques de l’établissement”. En utilisant cet intitulé, les établissements peuvent indiquer qu’ils n’ont pas ou très peu respecté la règle des demi-jauges obtenue par les personnels à la faveur d’une grève massive en novembre dernier.
Ainsi, un certain nombre d’établissements se félicite d’avoir fait passer la santé du plus grand nombre derrière l’image de marque de leur établissement.
C’est particulièrement le cas chez les établissements du secteur privé, qui ont échappé à tout cadrage strict qui aurait dû être imposé par le ministère de l’Éducation nationale.
Depuis plusieurs mois, SUD éducation revendique l’application d’un cadrage strict au plan national pour tous les établissements, dans l’intérêt de la santé des personnels et des familles comme de l’équité au regard du traitement des élèves.
Jean-Michel Blanquer a fait le choix de renvoyer le plus possible les décisions au local : ce choix a pour conséquence une inégalité de traitement à craindre pour les lycéens et lycéennes.
SUD Education revendique la fin du système parcoursup, qui n’est autre qu’un dispositif de tri social accroissant les inégalités.
Université: confinements, virage numérique et attaque contre les libertés académiques
Répression antisyndicale contre les 4 de Melle : Blanquer désavoué par le Conseil d’État
Les quatre camarades de SUD éducation au lycée de Melle ont comparu devant un conseil de discipline à l’automne 2020 en raison de leur participation au mouvement de grève contre la réforme Blanquer. La rectrice projetait initialement de déplacer d’office les trois de Melle.
Les séances des conseils de discipline qui ont mis au jour la répression antisyndicale à l’œuvre, ainsi que l’incompétence de la hiérarchie à tous les niveaux, les mensonges de l’administration, le non-respect des garanties élémentaires de la défense, les erreurs de procédure. L’enquête administrative reposait sur des questions posées aux personnels concernant leur appartenance syndicale et leurs opinions politiques.
Les représentant-e-s des personnels ont unanimement refusé toutes les sanctions mises aux voix par l’administration.
La rectrice a dû renoncer au déplacement d’office pour deux des trois de Melle, mais elle a persisté à vouloir déplacer notre camarade Sylvie.
Le juge administratif a rapidement suspendu en urgence cette sanction, en raison de son caractère manifestement disproportionné et illégal. Le ministre, obsédé à l’idée de sanctionner des enseignant-e-s mobilisé-e-s contre sa réforme, a porté l’affaire devant le Conseil d’État.
Aujourd’hui, la décision du Conseil d’État est sans appel : ce dernier rejette la demande du ministre sans même une audience. C’est à nouveau un désaveu cinglant infligé à Jean-Michel Blanquer.
SUD éducation exige l’abandon immédiat des sanctions contre les personnels victimes de répression anti-syndicale et leur rétablissement dans leurs droits, à Melle comme ailleurs, dernièrement à Châteaudun où une camarade de SUD éducation est menacée de sanction pour avoir exercé son droit syndical.
1871-2021, la Commune a 150 ans !
Pendant 72 jours, les nouvelles du jeudi commémorent l’histoire de celles et ceux qui sont monté.e.s « à l’assaut du ciel » !
Cette semaine, le travail et la commune.
La Commune de Paris a été un gouvernement voulu par et pour les travailleur.euse.s, il n’est qu’à voir ce graphique présentant les métiers des personnes qui ont participé à la Commune :
D’autant que cette fois-ci, le Comité central de la Garde National qui a mené la première offensive faisant fuir le gouvernement, a mis en garde la population lorsqu’il a appelé à l’élection de la Commune de Paris : il appelle les citoyens (les femmes n’ont pas encore le droit de vote) de choisir des représentants de leurs rangs et non des conservateurs qui seront prompts à trahir la révolution.
Et effectivement les élus appartiennent à trois courants de pensée, tous les trois issus du socialisme ou du républicanisme radical : les jacobins dont le principal représentant est Delescluze, les Blanquistes (dont Blanqui ou Raoul Rigault) et les socialistes internationalistes issus de la pensée proudhonienne, la plupart sont ouvriers (Varlin, Vallès, Malon, Fränkel).
Il est tout naturel que la Commune se soit intéressée à la question du travail et au sort des travailleurs et des travailleuses. D’autant que la mise en place des ateliers nationaux lors de la révolution de 1848 n’ayant pas fonctionné, il fallait se réinventer sur ces questions.
Nous allons traiter de trois sujets dans cet article : la façon de légiférer pour améliorer le sort des ouvriers, les associations ouvrières et l’organisation du travail des femmes.
Depuis 1869, les ouvriers-boulangers luttent pour améliorer leurs conditions de travail, en effet, leurs revendications sont d’abaisser la journée de travail à 11h et de supprimer le travail de nuit afin qu’ils puissent avoir une vie familiale et avoir le temps de s’instruire. Si un décret interdisant le travail de nuit a été signé par la Commune le 20 avril, la difficulté est de le faire respecter par les patrons qui continuent de demander à leurs ouvriers de venir travailler la nuit. S’engage alors au sein de la Commune une discussion intemporelle sur la façon d’accéder aux revendications des travailleurs : faut-il légiférer ou faut-il laisser les travailleur.euse.s s’organiser pour faire entendre leurs revendications ?
Partisans de la première option, Varlin – ouvrier-relieur, Fränkel – ouvrier-bijoutier ou encore Malon – ouvrier-teinturier signalent que les ouvriers sont soumis à des lois qui les empêchent de se défendre seuls, il y a donc un privilège patronal institutionnel. Il faut rétablir l’égalité par la loi entre patrons et ouvriers « l’État est assez intervenu contre les ouvriers ; c’est bien le moins aujourd’hui que l’État intervienne pour les ouvriers »
Tandis qu’issus d’une vision de la libre association provenant des Lumières et du contrat social, les partisans de la deuxième option (minoritaire) : les ouvriers doivent défendre leurs intérêts, les ouvriers comme les patrons sont libres et égaux capables de négocier ensemble au mieux de leurs intérêts. C’est la question d’engagement mutuel des contractants : légiférer consacrerait alors une inégalité entre ouvriers et patrons.
Les discussions furent âpres mais d’un grand niveau d’argumentation (et oui ! Durant la Commune, on parlait beaucoup ; la démocratie prend du temps) mais finalement, avec une poussée forte de la part des ouvriers boulangers demandant l’intervention du gouvernement, la première option fut choisie.
Voir la transcription de ce débat issue du très complet site https://www.archivesautonomies.org :
https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/commune/communedeparis/proces-verbaux/seance-1871-04-28.pdf
(du bas de la page 12 : « LE PRÉSIDENT. L’ordre du jour appelle la discussion sur le mont-de-piété. » au bas de la page 17 : « LE PRÉSIDENT. Je demande à l’assemblée si elle veut passer à l’ordre du jour ou continuer la discussion. »)
Autre point, la Commune de Paris advient pile entre la loi Ollivier de 1864 qui abolit le délit de coalition et reconnaît de fait le droit de grève et la légalisation des syndicats avec la loi Waldeck-Rousseau de 1884.
Nous sommes donc à une époque charnière du proto-syndicalisme.
Du côté du gouvernement (de la Commune), est créée une commission du Travail et des Echanges qui a pour but d’étudier les questions liées notamment au travail et du côté des travailleurs et des travailleuses est encouragée la création de chambres syndicales (comme celle des ouvriers tailleurs et scieurs de pierre), de fédérations (comme celle des bataillons de la garde nationale) ou des associations mutuelles (comme celle des coiffeurs et coiffeuses). Ces associations de travailleurs et de travailleuses, par l’intermédiaire de délégué.e.s soumis.e.s au mandat impératif, étaient en constante discussion avec la commission travail du gouvernement.
Ça fait rêver non ? Un gouvernement qui travaille main dans la main avec les associations de travailleurs et non pas avec des actionnaires ou des syndicats de patrons comme le Médef. C’est à cela, entre autre, qu’on peut voir la différence entre une République sociale et, 150 ans plus tard, un dévoiement de la République totalement soumise aux intérêts du patronat et de la finance…
Maintenant, attardons-nous sur le travail des femmes et son organisation.
Même dans les milieux socialistes, en particulier au sein de l’AIT, les femmes n’étaient pas considérées comme des travailleuses et elles étaient censées rester à la maison pour éduquer les enfants. Mais durant la Commune, grâce au militantisme actif de nombreuses femmes (Nathalie Le Mel, Elisabeth Dmitrieff, Louise Michel…), et à quelques alliés clairement féministes (Eugène Varlin par exemple), le travail des femmes commence à être considéré et les femmes se voient reconnues, petit à petit, en tant que travailleuses.
Pour recontextualiser, à l’époque, on comptait 112 000 ouvrières dont plus de la moitié travaillant dans la couture (nous avons déjà parlé du travail des femmes dans un autre article) et dans les rares métiers mixtes, les femmes gagnaient environ moitié moins que leurs homologues masculins.
Sous l’impulsion d’Elisabeth Dmitrieff, jeune russe envoyée à Paris par Marx, est créé l’Union des femmes pour la défense de Paris et le soins aux blessés (à l’époque, la clarté des intitulés étaient de mise et sans acronyme!). Nous retrouvons dans son comité exécutif certains noms connus : Dmitrieff, Le Mel, Lefebvre.
Cette Union défend l’émancipation des femmes par l’indépendance que peut leur apporter le travail, la possibilité de pouvoir prendre part aux combats à l’instar de leurs homologues masculins et la liberté d’instruction.
Les femmes créent alors des comités d’arrondissement pour envoyer les travailleuses là où des besoins se font sentir et réfléchissent à la création de crèches afin qu’elles soient libérées d’un certain nombre de tâches.
Mais à partir du 10 mai, les choses prennent de l’ampleur, des discussions sont tenues et aboutissent à une réunion réservée aux femmes afin « de nommer des déléguées de chaque corporation pour constituer des chambres syndicales ». Nous voyons alors ce projet visionnaire de l’auto-organisation : organiser le travail des femmes par les femmes.
On imagine la tête de Blanquer devant ces réunions en non-mixité !!
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